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la newsletter du dimanche 18 novembre 2012

Envoyée dimanche 18 novembre 2012 à 00:00:00

 

 

Samuel Campfort et Élise Lancien-Isnard 


dans le cadre des dimanches de Singulières Écritures

 


 vous proposent leur newsletter
 
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hapax
 
définition : un hapax (le h est muet) ou apax désigne généralement un mot qui n'a qu'une seule occurrence dans la littérature.
 Le terme hapax est un néologisme (nouveau mot) dû à John Trapp en 1654, créé à partir du grec  hápax (legómenon), (dit) une seule fois. L'expression hapax legomenon  apparaît dans le Larousse pour tous de 1909 ; le substantif hapax y entra en 1922.

 


Pendant longtemps, le terme hapax a qualifié les mots (ou expressions) que les traducteurs ne pouvaient traduire de façon certaine, car il n'en existait qu'une seule occurrence dans la littérature.
 Un hapax désigne donc en linguistique et en lexicologie un lemme (ou une forme de ce lemme) qui n'est attesté que dans une seule source ou rencontré trop rarement pour être considéré comme une preuve valable de son existence et de sa forme dans une langue donnée.


En effet, les hapax peuvent être des mots rares mais aussi des erreurs (de copie, de grammaire, etc.). Dans l'ignorance, ils sont souvent rejetés ou leur rareté ne rend pas leur témoignage suffisant.

 


Avec le temps, le sens d'hapax a évolué et a un peu perdu son aspect  de sens inaccessible/intraduisible, pour se concentrer sur le fait qu'un hapax est un mot n'ayant eu qu'une seule (ou de rares) occurrence sur un long laps de temps.
Par extension, il peut donc s'appliquer à une tournure, une expression originale, voire, au sens figuré, à une chose ou une situation.



En littérature, citons quelques hapax d'auteurs célèbres :
- chez Rabelais, l'expression hapaxique « la dive bouteille »
- ou le mot -ptyx- dans un vers de Mallarmé « nul ptyx aboli bibelot d'inanité sonore » Pour ce cas, la correspondance de Mallarmé, qui mentionne cet hapax, nous apprend que Mallarmé recherchait un mot en « -ix » qui n'existait dans aucune langue ; de nombreux exégètes, ignorant cet aveu mallarméen, ont longtemps cherché le sens de cet énigmatique « ptyx ».



Le mot « abracadabrantesque » employé par Jacques Chirac lors de son allocution télévisée en réponse à une question sur l'affaire des HLM de Paris, n'était pas un hapax, non seulement parce qu'on retrouva le lendemain ce mot dans tous les journaux, mais surtout parce qu'il se trouvait dans plusieurs dictionnaires. Qu'il fut par ailleurs, employé par Antonin Artaud en 1921, et encore avant, en mai 1871, dans le poème Le cœur volé d'Arthur Rimbaud, ce mot étant d'ailleurs antérieur à son utilisation par Rimbaud (vraisemblablement créé entre 1834 et 1852).


En revanche, on peut citer l'hapax de Raoul Ponchon : le verbe « abracadabrer », « rendre abracadabrant ». Proust a créé de nombreux néologismes (« jusquauboutiste », « limogé », etc.), dont la plupart demeurent des hapax.



Enfin, certains substantifs n'ayant pas de forme féminine, ils sont naturellement source de néologismes et Benjamin Constant, dans sa Correspondance, offre ainsi l'hapax « prédécessrice ». On peut ainsi dire avec humour qu'un néologisme qui n'a pas réussi dans la vie, c'est un hapax.

 

 

 

Samuel et Élise vous donnent rendez-vous dimanche prochain

 


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